Exploiter un kamishibaï

Le principe

Le kamishibaï se présente comme une sorte de grand livre d’images à manipuler d’une manière particulière. Les cartes illustrées s’insèrent latéralement, et successivement, dans une armature de bois, un butaï ou castelet qui sert de fenêtre. Tout ou partie des histoires, illustrées par ces cartons est écrite au verso de chaque illustration, pour assurer le fil de la narration. Ces images ne sont pas que des illustrations pour agrémenter cette narration, textes et images se « soutiennent » mutuellement pour aussi soutenir l’attention du public.

Le lecteur est récitant, conteur ou acteur. Dans ces deux derniers cas, la mémorisation du texte peut avoir une grande place. Les spectateurs peuvent aussi être mis à contribution. C’est au conteur de poser son texte afin que le changement des images soit un temps, soit de pause, soit une attente … « ouvrez grand vos oreilles, et n’oubliez jamais ce qui va suivre… » Le récit peut se développer sous différentes formes :

  • le récit linéaire … « il était une fois… » « Nous sommes début janvier… » ;

  • une forme dialoguée ;

  • une adresse aux spectateurs : « Savez-vous … ? ».

Les origines du kamishibaï

Au Japon, le théâtre "shibaï" de papier "kami" [1] est apparu probablement au XVIIème siècle : des colporteurs auraient contribué à sa diffusion ; ces marchands ambulants de sucreries - et, plus rarement, de livres, de médailles, et de bibelots - faisaient résonner leurs clapets "hyoshigi" [2] dans la rue, les places, pour attirer les clients. Placé derrière un castelet "butaï" accroché à une bicyclette, le narrateur "Gaito Kamishibaiya" faisait défiler des images – une dizaine de feuilles - et s’improvisait conteur.

 

 

 

Le kamishibaï en classe

L’introduction de ces petits théâtres à l’école permet de travailler sur l’éducation à l’image et la construction de savoirs fondamentaux (lire, écrire, écouter, communiquer, créer, coopérer). Construire et mettre en scène un récit illustré sous la forme du kamishibaï suppose la mise en relation du texte écrit, de l’image et de la diction. On ne fait pas que montrer l’image, on la « joue ».

Les objectifs :

  • créer des histoires pour les raconter

  • passer de la lecture à l’écriture,

  • passer de l’écriture au spectacle

  • passer de l’écrit à l’image ou inversement

  • croiser les langages, les outils et moyens de création et de communication.

Des pistes d’exploitation :

Le texte

Sensibiliser aux éléments de la narration et de la description par :

  • des exercices mêlant un travail d’approfondissement sur le vocabulaire, les jeux de mots, la temporalité, la fonction du décor, les fonctions et particularités des personnages, tout ce qui crée l’imaginaire des situations, leur progression.

  • une approche de l’histoire littéraire à travers diverses lectures,

  • l’ étude de contes ou d’autres genres narratifs : récit, fables, histoires extraordinaires ou poétiques…

L’image

  • Sélectionner dans le récit les passages importants que l’on pourrait associer aux illustrations : c’est établir le script.
  • Les illustrations peuvent répondre à des critères esthétiques, mais doivent se soucier de lisibilité et de cohérence avec le récit.
  • Qu’est-ce que chaque image « dit » de l’histoire ?
  • Y a-t-il une image significative « de moments forts » ?
  • Définir l’espace et les personnages.
  • Définir le décor et ses fonctions : situer l’action (sur un fond ou dans un lieu, intérieur ou extérieur, végétal, minéral…), préciser les lieux.

Un exemple d’exploitation

Les élèves de CM1 et CM2 de l’école de Pressavois ont mené un projet en début d’année sur le kamishibaï. Ils ont écrit six histoires qu’ils ont présentées aux autres classes en utilisant un butaï fabriqué l’année précédente par la classe de CLIS de leur école.

Voir les vidéos de leurs histoires :

Quand ces élèves ont découvert le butaï et le kamishibaï que la délégation japonaise a offerts à l’OCCE en mars 2015, et qu’ils ont vu sur la vidéo (voir ci-dessous) la bibliothécaire lire l’histoire, ils ont été très surpris de découvrir la langue japonaise. Ils ont remarqué qu’elle était très différente du français et que le débit était si rapide, que l’on ne pouvait repérer aucune ponctuation, aucune segmentation entre les mots. Impossible donc de comprendre le texte. Pourtant, chacun avait imaginé une histoire en regardant défiler les images. Les élèves ont donc décidé de proposer leur propre interprétation de l’histoire en intégrant spontanément des éléments de culture japonaise puisés dans leur connaissance des mangas ! Ils ont constitué à nouveau six groupes de travail et ont écrit six récits à partir des images du kamishibaï baptisé "Tan taka tan".

Voir la vidéo du kamishibaï présenté par la délégation japonaise.

Voir les six histoires imaginées par les élèves de Pressavois à partir de ce kamishibaï :

L’histoire de Sakura

L’histoire d’Antor

L’histoire de Sushi

L’histoire de Kiyoubi

L’histoire de Ryûs

 

Si comme les élèves de Pressavois, vous souhaitez donner vous aussi votre interprétation du kamishibaï japonais, vous pouvez :

Un exemple de kamishibaï réalisé en classe

Classe de CM1-CM2 école primaire Camille Claudel Bourges :

 

Notes

[1] kami suivant le contexte utilisé (des kanjis), signifie "papier ", ou "esprits protecteurs ", dieux dans la religion shin-toïste.

[2] Hyoshigi : instrument utilisé dans les théâtres traditionnels abukibunraku ou  pour annoncer le début d’une représentation, ou pour rythmer les annonces du yobidashi, celui qui dirige les combats de sumo ; il se compose de deux morceaux de bois dur ou de bambou, reliés par une mince corde ornementale, et joués en les percutants ou en frappant le plancher, lentement puis de plus en plus rapidement.